Selon la Banque de France, le pouvoir d’achat immobilier des Français a fondu en 2022 sous l’effet conjugué de la hausse des prix et du relèvement des taux de crédit.
C’est une énième mauvaise nouvelle de plus sur le front du pouvoir d’achat. D’après les données de la Banque de France communiquées ce jeudi 5 janvier, les Français qui ont attendu fin 2022 ou ce début d’année 2023 pour acquérir leur résidence principale doivent revoir leurs plans à la baisse. Le pouvoir d’achat immobilier des ménages s’est tout bonnement écroulé de 8 m2 entre janvier et octobre.
Pour arriver à cette conclusion, la Banque de France a analysé l’évolution des prix, des taux de crédit, des revenus des emprunteurs et de la durée des prêts. « Le pouvoir d’achat s’est nettement dégradé sous l’effet conjugué de la remontée des taux et de la hausse des prix de l’immobilier », analyse Marie-Laure Barut-Etherington, directrice générale adjointe à la direction des statistiques, études et international.
Si la perte n’était que de 2 m2 sur les cinq premiers mois de l’année, elle s’est accélérée avec 6 m2 de perdu en plus sur les cinq mois suivants. Et ce à cause des taux immobiliers moyens sur 20 et 25 ans (hors assurance et frais) qui sont passés de 1 % à 2 % entre-temps. Alors que sur les vingt dernières années, la baisse des taux avait contribué à préserver, autant que faire se peut, le pouvoir d’achat immobilier amputé par la hausse du prix au m2.
« La catastrophe annoncée ne se vérifie pas dans nos chiffres »
Une information qui vient confirmer l’étude Meilleurtaux que nous dévoilions mardi 3 janvier : le courtier estime ainsi que dans les 20 plus grandes villes de France, les Français ont perdu 13 m2 de pouvoir d’achat en un an, et même 20 depuis 2019.
Mais si l’on ne peut plus acheter aussi grand qu’avant, le marché immobilier garde son dynamisme selon la Banque de France. La production de crédits à l’habitat (hors renégociations) a ainsi été de 218 milliards d’euros en 2022, tout proche du record de 2021 avec 225 milliards. La dynamique ralentit tout de même assez fortement au second semestre avec une baisse de production qui avoisine les 15 % en fin d’année en glissement trimestriel annuel.
De quoi y voir le signe d’un effet taux d’usure ? Ce taux maximal auquel on peut emprunter a été porté à 3,57 % pour les prêts de 20 ans et plus au 1er janvier. Insuffisant pour les courtiers qui l’accusent d’exclure du crédit entre 10 et 40 % des acheteurs. « Le taux d’usure n’a pas empêché de faire 218 milliards de nouveaux prêts cette année », conteste analyse Marie-Laure Barut-Etherington. Avant de conclure : « La catastrophe annoncée ne se vérifie pas dans nos chiffres. »